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Elle est une parfaite méchante, version féminine du Frank Underwood de House of cards. À cette réjouissante incarnation, elle ajoute une éblouissante performance vocale.
Dès sa première aria, aria di tempesta s’il en est, « L’alma mia fra le tempeste », elle emporte le morceau, rivalisant avec le hautbois solo acrobate de Philipp Mahrenholz, puis avec des trompettes fringantes. Ornements virtuoses, fougue dévastatrice, elle enchaîne avec gourmandise les coloratures, traversant toute sa tessiture à grandes enjambées vocales.
Mais dans d’autres airs, tel « Tu ben degno » c’est la chaleur du timbre, la souplesse des phrasés, la beauté du registre grave, qui sont mises en valeur, un dramatisme suggéré uniquement par les couleurs de la voix. De même dans « Non ho cor che per amarti », ponctué de trilles d’une légèreté insaisissable.
L’aria sublime
Mais l’air qu’on attend, le moment phare de cet opéra, c’est bien sûr l’aria « Pensieri, voi mi tormentate », dont le pathétique stupéfie, premier essai dans ce registre d’un Haendel de vingt-quatre ans.
Que dire de cette cantilène, de cette longue arabesque vocale, d’une tristesse térébrante, où Anna Bonitatibus est au-delà du beau chant, de la fureur des deux parties allegro, de l’interminable silence qu’elle ose au centre de l’aria, plongeant l’auditeur dans l’angoisse avant le retour de la plainte douloureuse, partant de l’extrême grave pour monter jusqu’au plus aigu (avec le hautbois), bifurquant vers un récitatif introverti avant de s’enflammer à nouveau et de mourir sur les accords implacables de l’orchestre à nouveau.
Sublime moment.

Anna Bonitatibus in der Titelrolle ist eine sängerische und darstellerische Wucht! Sie gestaltet die Rolle der Intrigantin mit fantastischer stimmlicher Agilität und Tiefgang. Gerade in der für die damalige Zeit revolutionären Arie Pensieri lässt sie uns mit gebrochener Stimme Anteil nehmen an ihrer gequälten Seele (natürlich trägt sie wegen ihrer Ambitionen und der famos gespielten Durchtriebenheit selbst Schuld an ihren Qualen!). Bei ihrem Auftritt im Seidenkimono mit dem Küchenmesser in der Hand denkt man einem Moment lang an Cio-Cio-San. Ihre übrigen zahlreichen Arien (darunter die famose Arie Ogni vento, ein Fest für die Ohren, auch wegen der Begleitung durch das Orchester) und Ariosi singt Anna Bonitatibus mit grossartiger virtuoser Kraft und Spritzigkeit. Was für eine grandiose Leistung! (Übrigens gestaltete Anna Bonitatibus in der letzten Inszenierung der AGRIPPINA im Jahr 2009 die Rolle des Nerone, sie ist also vom Sohn zur Mutter gereift!)

2009 sang Anna Bonitatibus in Zürich noch den Nerone, jetzt als Barockdiva die Agrippina. Sie macht das mit reifer, vielschichtiger Stimme, mit überlegener Diktion, mit Sinn für kleinste Details und grosser Schauspielkunst. Da können die anderen viel lernen, obwohl auch sie alle tolle Asse in der Kehle haben.

Anna Bonitatibus delivered a magnificent performance in the title role. Her warm, velvety mezzo-soprano voice showcased flawless trills, radian high notes, and precise coloratura, all executed with technical mastery that never felt self-indulgent but always served the music. Her exceptional musicality was further highlighted by her remarkable ability to imbue every word with meaning, making the recitatives as captivating as the arias. Her acting was the perfect complement to her singing, resulting in a truly outstanding performance.